L’Aventure Riviera Food Truck

Géraldine Malet

Géraldine puts her passion for the web, marketing and communication, writing and storytelling at the service of companies and entrepreneurs.

Pourquoi vous êtes-vous lancés dans l’aventure Food Truck ?

L’événement déclencheur a été mon départ, en 2012, de la société pour laquelle je travaillais depuis 12 ans. J’ai réfléchi à une voie de reconversion possible, et assez rapidement, mon conjoint Fabrice et moi-même avons décidé d’ouvrir un food truck. Fabrice ayant 20 ans de carrière de chef cuisinier dans la restauration traditionnelle à son actif, et moi aimant plus que tout le contact clients et le service, l’idée est venue assez naturellement de nous lancer dans ce beau projet moderne et dans l’air du temps. Nous étions de plus très motivés par l’idée de de créer notre propre société.

Lydie & Fabrice, unis dans la vie, le sont désormais aussi au travail : Fabrice assure comme un chef en cuisine tandis que Lydie gère le service et le développement commercial, avec le sourire !

Quel niveau d’investissement a été nécessaire pour vous lancer ?

Nous avons investi 70 000€ qui nous ont permis d’acheter notre camion, de couvrir les frais d’aménagement intérieurs, l’acquisition de frigos, de fours, de vaisselle et de tout l’équipement de base nécessaire à la mise en route du projet. Il faut compter 5 ans pour amortir cet investissement de départ.

Comment ont réagi les banques face à votre projet d’ouverture d’un Food Truck ?

Notre banque de quartier n’a pas joué le jeu en prétextant qu’en période de crise, « les gens ne mangent plus à l’extérieur… ». Nous avons donc sollicité les banques situées au cœur de Sophia-Antipolis, la zone ciblée pour notre implantation, qui ont toutes accueilli favorablement notre projet et notre business plan.

Quel niveau de préparation votre ouverture a t-elle nécessité ?

L’élaboration du business plan est une affaire de plusieurs mois pour lequel nous avons été accompagnés par un cabinet comptable. Avec le recul, je préconiserais de passer par des entreprises spécialisées type conseillers juridiques ou experts comptables spécialisés en restauration. C’est un investissement financier de plus, mais cela permet d’aller dans les détails et de n’avoir aucune (mauvaise) surprise au moment de l’installation et de l’ouverture…

Notre plan d’affaires allait jusqu’à chiffrer des lignes de coûts très détaillées (une petite cuillère, un morceau de pain pour accompagner la salade…). Malgré cela, nous avons eu des surprises concernant le montant et les quantités de charges à prévoir, alors même que nous n’avions pas encore généré de chiffres (ex : frais de parution au Journal Officiel ou de dépôt des statuts…) !

Être bien conseillé est essentiel. Vous pouvez par exemple télécharger le guide « 10 conseils pour créer votre Food Truck » sur le site de FoodTrucknCo.

Un accompagnement plus poussé par des professionnels du métier nous aurait probablement permis de prévoir ces montants dans notre investissement de départ. Je conseillerai également à toute personne souhaitant se lancer dans l’aventure de choisir un accompagnement de proximité : si vous habitez en province, n’allez pas chercher des experts Parisiens…rien ne peut remplacer un échange en face à face, qui permet de nouer des relations de confiance et de se sentir vraiment encadré, écouté et épaulé.

Existe-t-il un réseau de food truck et en faites-vous parti ?

Nous sommes abonnés à « Street Food en Mouvement » l’association de loi 1901 crée par Thierry Marx dont l’objet est la promotion et le développement d’une Street Food de qualité et l’encadrement et le développement du concept de Street Food en France. L’abonnement nous a coûté 50€ la première année, et 250€ pour cette deuxième année…Elle a notamment pour objectif : d’apporter des informations d’ordre juridique et commerciale (opportunités d’emplacement, actualités dans l’univers du street food…), de nous donner accès à un réseau de « streeters », et de nous faire profiter de la force médiatique d’une telle association.

Nous avons sollicité ses services pour trouver un emplacement (ce qui est probablement le plus gros challenge pour tout streeter) mais n’avons pas reçu l’aide escomptée. Je ne remets pas en question l’association, mais je pense qu’elle est aujourd’hui beaucoup plus présente et influente pour les streeter Parisiens (comme le Camion qui fume) que pour des provinciaux comme nous. Elle doit, selon moi, encore renforcer son réseau et son cercle d’influence en Province. Thierry Marx si tu nous lis…

Quel est votre concept de cuisine ?

Le concept de départ a évolué. Nous sommes passés d’une cuisine axée essentiellement sur les grillades, les hamburgers et les recettes venues d’Asie à une cuisine essentiellement de hamburgers gourmets et gourmands, car c’était la demande principale de nos clients. Certains sont devenus accrocs à nos burgers, et à force de nous entendre dire qu’ils étaient succulents, nous nous sommes recentrés sur cette spécialité.

Au Riviera Food Truck, le hamburger se fait gourmet et gourmand…

Nous proposons également des déclinaisons sous forme de tortillas, mais aussi des grillades ainsi que des salades préparées à partir de produits frais. Lorsque c’est la saison, je rapporte des tomates de notre jardin, et nous faisons (presque) tout maison.

Justement, connaissez-vous la nouvelle réglementation sur le « fait maison » et ce que cela implique pour vous ?

Je sais que l’association « Street Food en Mouvement », au travers notamment de Thierry Marx, est intervenue pour faire évoluer le texte qui à l’origine n’était pas vraiment adapté aux contraintes de notre métier, et notamment à l’exiguïté de nos cuisines ambulantes. Grâce aux actions de l’association, je crois savoir que nous pouvons nous aussi afficher la mention « fait maison », à partir  du moment où notre cuisine est préparée à base de produits bruts, ce qui est le cas de quasiment tous nos plats.

Depuis le 15/07/14, les restaurateurs peuvent faire figurer sur la devanture ou leur carte le logo « fait maison » : un toit de maison posé sur un casserole.

Dans un monde surchargé en messages publicitaires comment parvenez-vous à faire parler de vous ?

Nous avons investi dans un site Internet, qui est une belle vitrine, et faisons avant tout fonctionner notre réseau. Je remercie d’ailleurs tous mes ex-collègues de venir nous rendre visite fréquemment, et de jouer pour nous le rôle d’ambassadeur du Rivera Food Truck, en faisant fonctionner le bouche à oreille. En dehors de quelques flyers et d’investissement temps dans notre page Facebook, nous n’avons pas fait de publicité.

La page d’accueil du site Internet du Riviera Food Truck, réalisé par l’agence Lueur Externe : une très jolie vitrine.

Que penses-tu de la polémique qui divise les restaurants traditionnels aux food trucks ?

C’est je pense une polémique non justifiée. Nous avons certes moins de contraintes financières qu’un restaurant traditionnel, mais à la revente, un restaurant vaut beaucoup plus qu’un food truck. Lorsqu’il sera temps pour nous de revendre le Riviera Food Truck, (que nous avons déjà acheté d’occasion), il ne vaudra plus grand-chose…Je ne suis donc pas d’accord avec ces restaurateurs qui disent que nous sommes une concurrence déloyale : le cœur de notre métier à tous est de bien faire à manger et de satisfaire nos clients d’abord par un service irréprochable, et sur ce point, nous sommes tous logés à la même enseigne.

On le sait, la règle N°1 pour tout commerce et notamment pour les restaurants est l’emplacement, l’emplacement, et l’emplacement ! Quels recours avez-vous utilisé pour trouver le vôtre ?

Nous avons contacté les mairies environnantes (Valbonne, Biot, Antibes, Mougins…) mais les espaces de communication sont malheureusement très restreints. Je regrette qu’il n’y ait pas de commission au cours de laquelle nous pouvons présenter notre projet. L’accueil que nous avons globalement reçu laisse à penser que les food trucks ne sont pas bien perçus par les communes.

La Communauté d’Agglomération de Sophia-Antipolis (CASA) s’étend sur + de 2 000 hectares sur les communes de Biot, Vallauris, Valbonne, Antibes et Mougins.

J’avoue n’avoir pas compris pourquoi la ville de Valbonne, où j’ai travaillé pendant plus de 10 ans et dans laquelle j’ai même été résidente, n’a pas accepté ne serait-ce que de nous recevoir en entretien… J’aurai apprécié l’opportunité de présenter notre projet, en montrant en quoi il pouvait contribuer à améliorer la vie de la commune, de ses résidents et des nombreux salariés qui y travaillent. Il n’est peut-être pas trop tard pour bien faire, et si par chance ils pouvaient lire cet article, je les invite à nous contacter : nous serions ravis d’échanger sur la possibilité d’un partenariat gagnant-gagnant.

Quel message ferais-tu passer aux entreprises qui vont lire cet article pour leur donner envie de vous recevoir ?

Le Riviera Food Truck est un lieu convivial, un véritable lieu de rencontres et d’échanges inter-entreprises ! Nous n’apportons aucune gêne puisqu’après le service du midi, nous fermons boutique et repartons chez nous pour préparer le service du lendemain en prenant soin de laisser place net évidemment. Ce que nous proposons, c’est donc un lieu de partages autour d’une cuisine authentique et gourmande qui a fait ses preuves, le tout dans une ambiance respectueuse, décontractée où le sourire, le goût et le sens du service sont roi !

Nous avons de plus un très bel outil de travail, qui véhicule, pour l’entreprise qui nous reçoit, une image moderne et dans l’air du temps, à laquelle sont sensibles les jeunes et les moins jeunes…Notre cuisine et notre camion sont donc aussi un bon prétexte pour fédérer des gens de différentes générations et d’environnements variés.

Quels sont vos plans de développement pour cette rentrée et ce 3° trimestre 2014 ?

Notre priorité N°1 reste la recherche d’emplacement. Je souhaiterai lancer un appel aux chefs d’entreprises et aux décideurs de Sophia-Antipolis et négocier une présence sur leur terrain ou leur parking. 80% de notre clientèle est composée de salariés de Sophia-Antipolis : notre objectif est de nous positionner au cœur de cette zone pour toucher un maximum de monde. Nous sommes actuellement situés sur le parking de Télé-Valbonne, à 1km de l’entrée de Sophia…c’est très bien, mais nous manquons de visibilité pour recruter de nouveaux clients et faire tourner le camion à son plein potentiel !

Ambiance festive et conviviale rassemblant le Riviera Food Truck & Télé Valbonne lors de la diffusion d’un match de l’équipe de France cet été.