Le logo de mon Resto

Géraldine Malet

Géraldine puts her passion for the web, marketing and communication, writing and storytelling at the service of companies and entrepreneurs.

Que lui faire dire ? Quels sont les pièges à éviter ? Comment traduire le concept de votre restaurant ? Quels sont les critères ? Avec qui le réaliser ?

Nombre de questions qu’il faut se poser avant de se lancer, et au moment de choisir !

Un logo de restaurant… Pour quand, pourquoi, pour qui ?

La réflexion autour du logo intervient soit lors d’une ouverture, quand on crée l’identité graphique d’un restaurant, soit quand on souhaite la faire évoluer, lors d’une reprise, ou d’une rénovation du restaurant et de son concept. Pourquoi ?

• Parce que le logo, véritable point d’accroche visuelle sera le trait d’union de tous vos outils de communication,
• Parce qu’il servira de signe de reconnaissance pour vos différentes cibles.

La cible publique d’une part, celle que vous avez identifiée comme privilégiée pour votre restaurant, et la cible professionnelle d’autre part, dite Business to Business (ou B2B), qui devra elle aussi pouvoir apprécier et reconnaître votre image.

Elle se compose de vos partenaires et fournisseurs mais il ne faut pas oublier d’y inclure tous les comparateurs, sites d’avis en ligne, guides, blogs et autres supports destinés à vous donner de la visibilité…

Ego, Logo… Bobo ?

Le choix du logo touche de près les restaurateurs entrepreneurs. D’autant qu’au milieu des prévisions, chiffres et autres business plan, c’est un objet plutôt sympathique à travailler.

Un objet qui revêt une certaine importance dans l’expression de votre concept de restaurant et dont naturellement vous voudrez vous sentir proche. Pourtant même s’il doit vous plaire bien sûr, pensez bien que ce n’est pas à vous qu’il s’adresse. Donc attention : pensez y de façon à ce qu’il soit perçu et décodé comme il convient par votre cible. Oubliez donc les références personnelles ou les « private-joke » qui ne parleraient qu’à vous et à votre entourage.

Le Logo, quelle importance ?

Il est clair que le logo, même s’il est important dans la publicité d’un restaurant, sera moins définitif que le choix d’un nom de restaurant.

Pourtant il n’est pas à négliger, au contraire. Vous et votre public allez le retrouver partout !

Sur la façade, sur vos cartes et menus, sur vos serviettes, et parfois même sur vos couverts. Il apparaîtra également sur votre site internet, sur les sites de comparaison en ligne, dans les guides… Il doit donc être représentatif de votre positionnement et servir votre image.

Projet d’identité graphique réalisé par l’agence inhouse pour le restaurant / bar Londonien Caravan.

Bien sûr, le nom et la réputation culinaire de votre restaurant seront toujours prioritaires, mais, si votre logo est raté, il sera au mieux inutile et au pire, néfaste. Erreur de positionnement, mauvaise perception, confusion, sont des obstacles qu’il vaut mieux éviter.

Le Logo c’est définitif ? Quelle durée de vie ?

Contrairement au nom de votre établissement qui incarne et capitalise toute la notoriété acquise, vous pourrez changer votre logo ou mieux, le faire évoluer. A ceci près que ce changement interviendra également sur tous les supports et que cela aura un prix. Il vaut donc mieux choisir le bon, celui avec lequel vous vivrez en harmonie le plus longtemps possible…

Création d’un logo, le fond et la forme 

Avant de lancer la réalisation du logo, il vous faut définir ce que vous souhaitez lui faire dire, ce que vous désirez que vos interlocuteurs retiennent lorsqu’ils l’auront vu. Dans tous les cas, un logo ne pourra jamais tout dire. Par contre, il pourra délivrer un message précis par ce qu’il représente, et véhiculer un statut (traditionnel, avant-guardiste, familial, select…) par son style, son traitement graphique, son aspect etc.

Il y a donc là deux niveaux d’expressions : la chose que montre le logo de votre restaurant, et la façon dont il la montre grâce à son style ou son design. Il va s’en dire que ce design, comme les éléments représentés, devront être en accord avec le nom, la déco, le positionnement,…bref : le concept du restaurant.

Amusez-vous par exemple à deviner à quel type de restauration correspondent ces logos : rapide, bio, fun, traditionnel ou encore fonctionnel ? Un logo bien conçu peut à lui seul laisser transparaître le positionnement, la cible, l’atmosphère et l’esprit d’un restaurant, au-delà même de sa cuisine.

1- Logo restaurant Caravan à Londres 2- Logo restaurant Bio Burger 3- Logo Pizzeria Pizza Cut

Unique Selling proposition 

Bien sûr certains critères pourront s’associer, mais un logo ne peut pas tout dire.

Si vous ouvrez un resto Sushi, vous pourrez bien sûr le positionner Haut de Gamme, Traditionnel, Hype ou Populaire, suivant la représentation et le traité…

Par contre vous ne pourrez pas tout représenter à la fois, sous peine d’obtenir des résultats compliqués, que personne ne comprendra (sauf vous!), et qui seront contre-productifs. Attachez-vous donc à mettre en valeur : Le nom + 1 information (visuelle) pas plus.

Sur la base de ces 4 logos, saurez-vous différencier les concepts de restauration de sushis haut de gamme des concepts plutôt orientés fast-food ou fast-good ?

Ne pas confondre logo et picto 

Le logo n’est pas là pour raconter ce qui se passe dans votre établissement (ce serait impossible) mais pour évoquer.

Contrairement au picto, dont le rôle est de délivrer une information précise et limitée (« craint la chaleur », « lavable en machine » etc) votre logo lui, est plus libre.

Bien sûr il peut illustrer votre positionnement, si ce dernier est traduisible, mais il peut aussi traduire un esprit, une ambiance, une tendance. Parfois une simple forme, ou une simple couleur peuvent jouer ce rôle.

Illustratif, symbolique ou abstrait ?

Ici on est dans le subjectif et il y aura toujours des contre-exemples, mais en général :

• plus la représentation est descriptive, plus on est dans un positionnement fonctionnel,
• plus la représentation est symbolique ou abstraite, plus on va vers les positionnements tendance ou haut de gamme.

L’idéal se situe souvent à mi chemin, de façon à ne pas être trop clivant et à ne pas « perdre en route » une partie de la cible.

Pour rester sur l’exemple du Sushi : si vous montrez un dragon traditionnel sur fond de pagode, vous serez dans le traditionnel populaire. Si vous montrez un tâche d’encre noire façon Soulages, vous serez dans le Hype ce qui peut convenir pour un restaurant haut de gamme (même si peu de gens font le lien de façon consciente).

Un des plus beaux exemples de rigueur, d’évocation et de sens est le logo du restaurant de Michel et Sébastien Bras, Le Suquet, à Laguiole.

Ici un simple brin de Cistre, herbe de montagne emblématique de sa région, permet au restaurateur de revendiquer sa spécificité régionale avec un logo, symbolique et élégant qui va se décliner aussi bien sur le print que sur le web ou dans l’assiette. Ici, le noir, (comme dans la célèbre déco du restaurant) laisse toute leur place aux couleurs des plats.

La complémentarité du logo avec le nom de votre restaurant 

Si votre restaurant s’appelle « Chez Hugo », « La Tour » ou d’un nom de lieu (qui, en soi, véhicule peut-être un historique légitime ou une notoriété à cultiver, mais ne traduit pas forcément  votre concept) alors que vous souhaitez un positionnement précis, il sera bon de l’exprimer dans le logo avec la présence complémentaire d’un symbole qui appuiera votre concept.

Le restaurant La Chassagnette en Camargue, qui possède son propre potager et ne propose que des fruits et légumes issus de son jardin, affiche un logo où fourchette et cuillère sont remplacées par le râteau et la pelle de jardinier.

Le nom n’évoquant pas le positionnement, c’est le logo qui s’en charge de façon ludique et élégante.

A l’inverse, si le nom de votre restaurant dit déjà tout, « Le grillardin », « La Marée », ou « Le bœuf sur le toit »… vous serez d’autant plus libre soit « d’enfoncer le clou » en illustrant le nom, soit d’utiliser simplement une typo, une forme ou une couleur pour traduire l’esprit, l’ambiance et donner le ton.

4 restaurants La Marée (à Troyes, Montréal ou Paris), 4 concepts culinaires semblables, 4 logos et positionnements distincts…

Ici encore, plus vous serez sibyllin plus vous serez haut de gamme, et plus vous serez descriptif, plus vous serez populaire.

Quel est l’intérêt des Logos Monogrammes ?

Ils sont facilement plus « classes » que les logo illustratifs, mais ont leurs limites : si vous capitalisez sur votre propre Nom de restaurateur, comme Bernard Loiseau ou Paul Bocuse, vous pouvez utiliser un logo de type Monogramme.

Classique ou moderne le monogramme reste une valeur refuge, qui porte une notion de signature et de label.

Ici Bernard Loiseau avec un logo en monogramme créé ex-nihilo pour la maison Bernard Loiseau…

…et là, le logo Paul Bocuse, avec une reprise pure mais très labellisante de la signature même du grand chef.

Voici un contre exemple. Ici en 2014, pour son site web, la très belle maison Paul Bocuse s’est faite « fourguer » un logo qui se trouvait être la copie pure et simple d’un best seller auprès des jeunes dans le domaine du Hip hop…

La célèbre maison, n’ayant nul besoin d’être soudainement accusée de plagiat, a très vite fait retirer l’objet pour revenir à sa signature originelle… et tellement plus riche de sens. Un mal pour un bien finalement.

Par contre si les logos de type monogramme sont parfois utilisés d’après les initiales d’un lieu, dans ce dernier cas, la valeur ajoutée sera moindre car on n’y trouve plus l’effet de signature du chef.

Il faudra alors compenser par une typographie très originale ou très affirmée qui servira d’aspérité visuelle. Alors, c’est le style, le parti pris de la typo, qui trancheront et donneront le ton, à l’instar des logos du Hi Hôtel Restaurant à Nice (avec son positionnement so Hype et so Trendy) ou de l’Ô Restaurant (au bord de l’eau évidemment)…

La couleur critère de choix ?

Pas vraiment : d’aucun vous diront que telle couleur est alimentaire et que telle autre pas, mais chaque année la création graphique prouve que ces règles sont faites pour être transgressées… avec un certain métier tout de même.

Une chose doit pourtant vous guider dans votre choix : un bon logo doit pouvoir vivre en noir et blanc aussi bien qu’en couleur…

C’est important car votre logo sera décliné sur différents supports, et pas toujours en couleurs. Il devra parfois vivre en noir et blanc, et parfois même sans couleur du tout : par exemple lorsqu’il sera brodé sur une serviette ou gaufré sur matière unie… Ici, comme souvent, les logos les plus simples seront les meilleurs.

Le brin de Cistre, logo emblématique du restaurant de Michel & Sebastien Bras, ici délicatement gravé sur les couteaux.

Par qui faire réaliser son logo ?

Si vous êtes tenté par un des sites qui vous proposent de réaliser vous même votre logo, méfiance : Ils ne vous apporteront jamais le conseil de quelqu’un dont c’est le métier, et concernant l’originalité, vous n’aurez ni le même apport ni le même niveau de conseil. De plus vous risquez fort d’être plusieurs à avoir le même logo…

Suivant vos moyens, faites plutôt appel à un graphiste free lance ou à un studio de design graphique, voire à une agence de communication, qu’elle soit généraliste ou spécialisée. Sélectionnez celui ou celle à qui vous ferez appel en consultant son book, ses réalisations précédentes…

Faites travailler vos méninges et servez-vous de cet article pour constituer votre brief !

Et pour le plaisir des yeux…LOGORAMA

Voici un court métrage français qui a conquis l’Amérique et dans lequel on découvre une animation entièrement composée de logos animés (dont quelques uns issus de chaines de « restaurants » bien connus)…

Le but pour les auteurs : se réapproprier l’espace dans lequel nous vivons,  qui est empli de logos, mais qu’il faut toujours flouter, ou masquer… Bref retrouver un monde plus vrai que nature où les logos sont partout. Ici c’est Le logo de Ronald Mac Donald qui joue un méchant rôle auquel on est peu habitué… Attention « parental advisory » oblige !!

Et le logo de votre restaurant, quelle histoire raconte t-il, quelles valeurs et quel positionnement véhicule t-il ? N’hésitez pas à nous faire part de vos commentaires et à partager avec nous l’histoire de la création de votre identité visuelle…

Crédit Photo de couverture : Photographe Jean-Daniel LEMOINE pour MilleFeuilles Restaurant – Salon de Thé – Librairie à Bièvres. Sur la photo, Véronique Banuls, créatrice et gérante.