Géraldine puts her passion for the web, marketing and communication, writing and storytelling at the service of companies and entrepreneurs.
Vous avez tous deux co-imaginé et co-crée La Cabane de Cape Cod, ce food truck spécialisé dans les produits de la mer frais. Quel est votre parcours respectif ?
L’histoire de notre food truck est d’abord celle d’une rencontre. Après nos années collège dans les années 80, Roger et moi nous sommes perdus de vu durant plus de 25 ans. Et puis j’ai retrouvé Roger par hasard sur Facebook. C’était en 2011, il était manager de systèmes informatiques au sein d’un groupe de presse à Cape Cod, dans le Massachusetts, où il s’était installé depuis 1989. Nous avons eu un vrai coup de foudre réciproque et ne nous sommes plus quittés. Roger est rentré en France en 2013, et malgré son expérience conséquente, il n’a pas retrouvé d’emploi « à la hauteur de son CV ». De mon côté, j’étais dans la communication institutionnelle en Île de France, et peu de temps après nos retrouvailles, j’ai été licenciée. Difficile à 45 ans de retrouver un travail dans la communication ! On s’est alors dit qu’on allait créer notre propre travail. C’est comme ça qu’est née l’idée de créer La Cabane de Cape Cod.
Pourquoi avoir choisi de vous reconvertir dans la restauration ?
Avant de devenir manager dans l’informatique, Roger avait travaillé dans la restauration pour des grands restaurants de Cape Cod, à la fois en salle et en cuisine. Pour ma part, j’ai fait des formations chez Lenôtre, et j’ai toujours aimé cuisiner. Nous avions donc tous les deux de bonnes bases ainsi qu’un véritable attrait pour l’univers de la restauration. Le concept de food truck me plaisait beaucoup et même si Roger y allait un peu à reculons (il connaissait bien les difficultés liées au métier), on a commencé à se projeter dans ce projet commun. Et puis en 2015, complètement par hasard, nous nous sommes inscrits à l’émission « Mon Food Truck à la clé« , avec un concept orienté sea food inspiré de la cuisine de Cape Cod.
Quels enseignements avez-vous tirés de cette expérience de télé réalité ?
Cette émission nous a surtout apporté sur le plan technique et nous a préparé à la réalité du terrain. Arriver sur un emplacement peu adapté est une situation à laquelle on est forcément confronté un jour quand on a un foodtruck, et c’est une situation que nous avions déjà vécu dans l’émission. Alors même si nous n’avons pas gagné, ça nous a tout de même mis le pied à l’étrier et quand on est entré dans notre propre camion, on n’était pas en terre inconnue. Et puis Les chefs Nathalie Nguyen et Bruno Oliver nous ont encouragés en nous disant que notre cuisine était bonne et qu’on pourrait tout à fait s’en sortir dans un food truck. Ils nous confortés dans notre idée de lancer un concept autour des produits de la mer, parce qu’il n’y en avait pas et qu’il y avait donc une place à prendre.
Comment vous répartissez-vous les rôles ?
Roger s’occupe de toute la partie technique, comme l’entretien du camion par exemple. Il gère également les approvisionnements et dans le camion, c’est lui qui s’occupe des cuissons, une tâche qui, du fait de la nature et de la qualité de nos produits, nécessite du talent et de la délicatesse. Si on n’a pas l’œil, on peut facilement faire de la bouillie avec du cabillaud ! Roger maîtrise les cuissons à la perfection. Quant à moi, je m’occupe de toutes les préparations en amont : salades, sauces ou encore desserts, que je réalise « maison » dans notre laboratoire. Je gère aussi la communication, une mission qui me revenait naturellement de droit ! Certaines semaines, nous pouvons faire jusqu’à 100 heures chacun ! C’est un travail vraiment très physique et exténuant, comme peuvent l’être les métiers de la restauration en général, sauf que nous avons le véhicule en plus !
L’itinérance est dans la nature même du food truck. Est-ce un avantage ou un inconvénient au quotidien ?
Personnellement, j’adore l’itinérance et en particulier cette démarche active d’aller vers les gens pour les régaler, c’est très agréable et très motivant… mais c’est aussi très fatigant. Un service de 2 heures implique entre 5 et 8 heures de boulot et de préparations avant et après. C’est la même chose en restauration traditionnelle, mais avec le food truck en plus, qu’il faut charger, décharger, déplacer,… Sans compter sur les impondérables du quotidien, que ce soit un bouchon, un accident de la route face à vous ou un pneu qui crève. Il faut toujours anticiper : à la Défense par exemple, il y a tellement de contrôle au niveau de la sécurité que si on n’arrive pas à l’heure, on peut rater un service. Malgré tout, j’adore l’itinérance ! Elle nous apporte beaucoup sur le plan Humain et nous offre une liberté que nous n’aurions pas avec un concept de restaurant en dur.
Justement… Les retours élogieux de vos clients et le fait d’avoir reçu pour la deuxième année consécutive la médaille d’or du meilleur food truck au Saint-Maur Food Trucks Festival ne vous donnent-ils pas envie de vous lancer autrement, dans un restaurant « en dur » par exemple ?
Un food truck a un côté plus attrayant qu’un restaurant traditionnel en dur, car on est plus libre. Si demain il fait -10°c et qu’il neige, on a la possibilité de ne pas ouvrir, les gens comprennent. Il ne s’agit évidemment pas d’en abuser, parce que ça démotive les clients mais c’est possible, alors que fermer les portes d’un restaurant en dur pour des raisons météorologiques, c’est beaucoup plus délicat et compliqué. Et puis, pour moi (Nathalie) qui ne viens pas de la restauration, je pense que gérer un restaurant traditionnel ne m’amuserait pas beaucoup. Comme je vous le disais tout à l’heure, j’aime le concept d’itinérance… et en même temps, on ne se voit pas non plus avec deux camions.
On s’apprête à démarrer notre 4ème année et on est en pleine phase de réflexion pour savoir quelle suite donner à notre aventure. On avait notamment dans l’idée de monter des petites boutiques de format type « kebab » mais en Fish & Chips. C’est autre chose, une autre étape qui nécessiterait de lever des fonds à nouveau… Oui, on aimerait grandir, se développer et agrandir la compagnie, mais on ne veut pas non plus aller trop vite. Il nous aura fallu deux ans ½ pour sortir un seul salaire, alors on préfère prendre notre temps avant de se lancer dans une autre étape.
Qu’est-ce qui vous a fait tenir durant ces deux ans et demi ?
C’est un tout. Ça tient d’abord au fait que nous soyons tous deux des personnes battantes et positives. Notre Histoire d’amour nous a aussi donné des ailes. Et puis la relation avec nos clients nous booste et nous insuffle l’énergie dont on a parfois besoin pour tenir bon. Il peut arriver que je n’ai pas la pêche, et puis vient l’heure « d’ouvrir la boutique ». Comme au théâtre, le rideau se lève, on donne tout, on y va et nos clients nous le rendent bien. Je crois qu’ils ne viennent pas seulement chez nous parce que c’est bon, mais aussi pour tous les à-côté : notre Histoire d’Amour et le lien qui nous unit Roger et moi mais aussi nos personnalités respectives, plutôt blagueuse et délurée pour moi et un brin « gueulard » pour Roger, qui a été surnommé le « McEnroe des fourneaux » par Bruno Olivier durant l’émission « Mon food truck à la clé » !
(Roger) Et quand vraiment on a marre et qu’on a besoin de s’échapper, comme cet été, on part et on va sauter en parachute. C’est notre façon à nous de lâcher prise et peut être aussi de prendre un peu de hauteur !
(Nathalie) Personnellement, je suis également très fière d’avoir réussi une reconversion professionnelle qui n’était quand même pas évidente, d’avoir monté ma boite alors que ce n’était pas dans mon plan de carrière et d’avoir fait en sorte que cette société fonctionne. Evidemment, on a un train de vie qui est moins confortable qu’avant, mais on a une mentalité de « Survivor » ! Enfin, on fait partie de l’association Street Food en Mouvement et entre food truckers, on se rencontre régulièrement, on se motive et on s’entraide. Le fait que ce soit dur pour tout le monde et qu’on ait tous les mêmes galères, ça crée forcément des liens, et ça aussi ça permet de tenir dans les moments difficiles.
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