Journaliste, Sylvie Venzal a travaillé pour de grands quotidiens régionaux.
Grande pourvoyeuse d’emploi, l’hôtellerie-restauration peine pourtant à trouver des candidats et à garder sa main-d’œuvre. Pour tenter d’inverser cette tendance, la fidélisation des employés devient un enjeu essentiel de développement pour les entreprises.
Pénurie de main d’œuvre et turn-over coûteux
Le Guide 2016 des secteurs qui recrutent, édité par le CIDJ (centre d’information et de documentation jeunesse), note que, d’ici à 2022, 117 000 postes d’employés et agents de maîtrise ainsi que 107 000 de cuisiniers devront être pourvus dans l’hôtellerie et la restauration.
Et il devient pourtant de plus en plus difficile de recruter. Les conditions de travail, estimées difficiles notamment en raison des contraintes horaires ; les temps partiels, plus ou moins volontaires ; ou encore la réputation de faibles revenus, sont pour beaucoup dans un taux de turn-over élevé des salariés qui coûtent souvent cher en terme de productivité, de recrutement, de formation…
Les compétences recherchées deviennent rares, notamment parce que les entreprises demandent souvent les mêmes profils. Ajoutez à cela le départ à la retraite des « baby boomers » qui n’est pas compensé par le nombre de jeunes arrivant sur le marché et vous avez là toutes les conditions d’une pénurie de main-d’œuvre.
Et dans une situation où l’offre est supérieure à la demande, les salariés n’hésitent pas à aller voir ailleurs si le ciel est plus bleu et l’herbe plus verte. Un nomadisme professionnel qui pénalise les entreprises du secteur : un collaborateur qui quitte l’entreprise, ce sont parfois des années d’expérience et de savoir-faire qui s’envolent. Et la situation peut aussi peser sur le climat social, le moral et la
motivation des autres employés mais également sur l’image auprès des clients, que peut déstabiliser le changement fréquent d’interlocuteurs.
La fidélisation, pivot du management
La mise en place d’une politique de fidélisation constitue un outil de management qui permet de renforcer ou restaurer la confiance des salariés envers leurs dirigeants et leur entreprise. Plusieurs pistes s’offrent aux managers : la première qui vient à l’esprit est, bien évidemment, celle de l’intéressement financier (l’argent, c’est bien connu, est le nerf de la guerre) ; mais l’aspect économique ne saurait être le seul levier. Respect, amélioration de l’environnement de travail, valorisation des compétences, formation, management humain constituent autant de moyens pour s’assurer de l’implication de son personnel et préserver effectifs et talents.
Rythmes de travail, formation et promotion… Les valeurs sûres
Certains professionnels font de considérables efforts aujourd’hui dans un domaine particulièrement sensible pour l’hôtellerie-restauration : les horaires de travail. H&R Recrutement, spécialiste du secteur, note ainsi que les journées avec coupure (11 h 15 h puis 19 h 23 h par exemple), qui constituaient la norme, sont parfois remplacées, aujourd’hui, par des horaires en continu (9 h 17 h ou 17 h minuit.)
Autre méthode pour attirer de futurs collaborateurs et les garder : l’assurance d’une formation qui permette leur évolution interne. De nombreux grands groupes, comme Flo, Léon de Bruxelles ou Flunch ont ainsi choisi de mettre en place leurs propres centres dédiés afin de permettre à chaque employé qui le désire et en possède les capacités de prétendre un jour à un poste d’encadrement… La perspective de promotion interne encourage la fidélité d’un salarié à son entreprise.
Et pourquoi pas les ristournes, les vacances…
D’autres enseignes ont décidé d’explorer de nouvelles pistes pour motiver et garder leur personnel. Ainsi les prestigieux Relais & Châteaux ont créé la carte Relais Team qui permet aux salariés de bénéficier de réductions considérables sur la restauration et l’hébergement dans les établissements du groupe.
Les frères Raimbault, patrons de L’Oasis, à Mandelieu-la-Napoule, dans les Alpes-Maritimes, ont, eux, décidé, depuis 2007, de faire bénéficier leur personnel de deux jours de repos consécutifs, les dimanche et lundi, d’une demi-journée par semaine et d’un mois de congés pour des fêtes de Noël. Persuadés que c’est en améliorant conditions de travail et qualité de vie, qu’ils parviendrons à garder leur personnel, ils encouragent les activités de groupe (parties de football, randonnées à vélo…).
À L’Atelier arlésien de Jean-Luc Rabanel, tout candidat effectuant une journée d’essai est entièrement défrayé et rémunéré. Et si le test est concluant, on lui propose directement un contrat à durée indéterminée.
On le voit, en ce domaine, l’imagination est aussi au pouvoir mais il faudra prendre garde à ne pas confondre fidéliser et retenir ses salariés. C’est l’attachement à l’entreprise, la motivation qui doit les conduire à rester, pas la peur du lendemain. Et c’est paradoxalement tout aussi vrai en période de crise où le lien de confiance devient primordial pour conserver et sublimer les savoir-faire.
Commentaires
Frédéric Schmitt
Pour aller dans le même sens, nous venons de mettre en place en Loire Atlantique avec le GNI Grand Ouest, la Carte Shake’up, le 1et CE inter entreprises des CHR.
L’objectif est de doter le patron de TPE d’un véritable outil de management et donc de fidelisation de ses collaborateurs. Pour que la petite entreprise ait tout d’une grande !