Journaliste, Sylvie Venzal a travaillé pour de grands quotidiens régionaux.
La lutte contre le gaspillage, cela ne date pas d’hier. Après les chocs pétroliers des années 1970, le gouvernement de l’époque avait lancé sa fameuse « chasse au gaspi ». Il s’agissait, alors, d’économiser l’énergie en roulant moins vite et en baissant le chauffage dans les logements. Mais, pour paraphraser Charles Aznavour, nous parlons là d’un temps que les moins de 40 ans ne peuvent pas connaître… Aujourd’hui, c’est surtout le gâchis alimentaire qui est dans le collimateur et les initiatives se multiplient, encouragées par la loi. Ainsi, l’application “Too Good To Go” qui propose de mettre en relation consommateurs et commerçants, pour donner une seconde chance aux invendus.
“Too Good To Go”, sentinelle de l’anti-gaspi
Créée au Danemark, en 2015, par la Française Lucie Basch, le concept Too Good To Go s’est rapidement développé en Europe et l’entreprise est aujourd’hui présente en Norvège, en Angleterre, en Suisse, en Allemagne et en France. Le principe est simple : il permet aux professionnels de ne plus perdre les portions préparées en trop et aux consommateurs de se régaler à prix tout doux. Les portions coûtent généralement la moitié du prix d’un plat en salle (entre 5 et 10 euros.)
Pour profiter de l’aubaine, les gourmands économes peuvent s’inscrire sur le site ou y télécharger une application, leur permettant de géolocaliser les établissements partenaires à proximité afin de passer leur commande puis de venir la récupérer à l’heure indiquée. Too Good To Go recommande, si possible, d’apporter son propre contenant pour limiter l’utilisation d’emballages jetables. L’entreprise organise aussi des distributions de repas aux sans-abri grâce aux dons des utilisateurs.
Un réseau de plus de 800 commerçants dans une vingtaine de villes
Paris, Biarritz, Toulouse, Montauban, Bordeaux, Rennes, Lille, Lyon, Grenoble, Marseille, Montpellier… Le combat anti-gaspi se décline aujourd’hui dans 19 villes françaises et implique quelque 850 commerçants partenaires.
Restaurateurs, boulangers, supermarchés, traiteurs, cantine, food-truck, tous les professionnels des métiers de bouche peuvent rejoindre le réseau. Jours et heures de collecte sont définis en amont avec les responsables du site et modifiables à tout moment. Le commerçant reçoit une notification quand un client passe sa commande en ligne et la paye. Il ne reste plus qu’à vérifier et valider le reçu lorsque ce dernier vient chercher son plat. Le professionnel n’a rien à débourser, Too Good To Go prélève sa commission (1€ par portion vendue) sur les sommes perçues et lui reverse le reste tous les mois. 100 000 repas ont ainsi été « sauvés » depuis la création de la plate-forme.
En Europe 90 millions de tonnes d’aliments sont jetées chaque année. Dix millions pour le seul territoire français. Un gâchis qui dérange à la fois restaurateurs et clients. Les uns et les autres accueillent donc avec bienveillance ces technologies digitales qui permettent connecter les gens pour conjuguer plaisir, coup de pouce au chiffre d’affaires et comportements vertueux. Les quelque 300 000 téléchargements de l’application en témoignent.
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